Bilan 2023, « année de turbulences » pour le marché du jardin
Les ventes dans les jardineries ont été compliquées l’an dernier, comme l’ont confirmé les conférences des JdC Garden Trends, à Marseille fin mars…
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À l’occasion des JdC Garden Trends, qui ont eu lieu du 26 au 28 mars à Marseille (voir ici : Le marché du jardin livre ses tendances), plusieurs instituts ont dévoilé les chiffres de la consommation jardin pour 2023.
Sabrina Tiphaneaux, chargée des études économiques pour Promojardin-Promanimal, a brossé le portrait de l’année passée. L’intervenante a évidemment rappelé le contexte dans lequel s’est passé le millésime 2023, « une zone de turbulences ». L’inflation moyenne en France y a été de 4,9 %, contre 5,2 en 2022. Elle a donc ralenti mais est restée très forte, avec une pointe à + 16 % sur l’alimentaire qui a fortement impacté le moral des ménages.
Dans ce contexte, la consommation a diminué, de 1,6 % en général, de 4,7 % dans l’alimentaire. « 70 % des Français ont réduit leurs achats pour faire face à l’inflation », a expliqué Sabrina Tiphaneaux. Selon les résultats de son panel, 78 % des personnes interrogées affirment acheter plus souvent en promotion, 70 % ont limité leurs achats, 47 % n’hésitent pas à changer de marque, 27 % d’enseigne. Tous ces chiffres sont en hausse par rapport à l’année précédente, où ces tendances s’affirmaient déjà.
Autre comportement déjà souligné mais qui est confirmé, les achats de produits de seconde main progressent, ils concernent désormais 43 % des consommateurs.
Moins de projets dans l’immobilier
Autre élément de contexte qui a affecté la consommation pour le marché du jardin : la crise immobilière. Les ventes de maisons neuves ont chuté en 2023 de 39 % par rapport à 2022. C’est une baisse totale à l’échelle de la France de 58 000 ventes. Dans le logement ancien, la baisse des transactions est de 22 %. Ce sont autant de projets de vie qui sont différés, de surfaces qui n’ont pas besoin d’être aménagées ou réagencées…
Il suffit d’ajouter à cela les problèmes climatiques, une sécheresse marquée puis des pluies importantes tout l’automne, pour réunir un cocktail particulièrement détonant pour un secteur très météodépendant. En mars 2023, les pluies sont abondantes partout en France, le marché du jardin a cédé 18 %, le premier trimestre était en retrait de 12 % par rapport à 2022. Avril et mai ont aussi été marqués par des chiffres négatifs, respectivement de 2 et 4 %. Seul le mois de juin, à la faveur d’un regain général de consommation et d’une météo favorable, a été positif, avec + 12 % dans les points de vente jardin. Sinon, hormis un mois de septembre à 0, tout le second semestre s’inscrit aussi en négatif : - 11 en novembre, - 8 en octobre, - 7 en juillet !...
Une année en baisse de 3 %
L’année se termine à - 3 % pour l’ensemble du secteur*, soit la moitié du retrait déjà enregistré l’année précédente ! Les augmentations de prix du secteur ont été de 4 % en moyenne, en volume, la baisse des ventes est de 7 %.
L’univers du végétal, on a déjà eu l’occasion de l’écrire, a plutôt bien résisté (voir Le Lien horticole n° 1133 de mars dernier, page 31). Les ventes de plantes à massifs sont étales, certaines progressent même, détaille Sabrina Tiphaneaux, celles de plants potagers augmenteraient, mais sur ce point les analyses divergent d’une source à l’autre. Toutefois, le secteur du vert s’en tire mieux que les ventes de mobilier de jardin qui ont reculé de 8 %, l’arrosage de 6 %, comme les barbecues… Reste que les plantes subissent un sort moins enviable que celui des récupérateurs d’eau, qui ont vu leurs ventes exploser de + 70 %, ou les tondeuses, qui, après une année difficile, ont crû de 10 %... « Les secteurs qui s’en sortent bien avaient souffert l’année précédente », résume l’intervenante.
Toujours un effet bénéfique de la crise Covid
La responsable des études de Promojardin a posé la question essentielle pour clore son exposé : ce ralentissement du marché pendant deux années consécutives est-il inquiétant ? Elle explique avoir projeté les performances du marché du jardin avant la pandémie et jusqu’à maintenant : si la situation était restée inchangée, le marché serait aujourd’hui 7 % au-dessous de ce qu’il est actuellement. « L’acquis de performances exceptionnelles de 2020 et 2021 existe encore, nous n’avons pas tout perdu de ces années exceptionnelles », en conclut-elle. Malgré le ralentissement, le marché reste 13 % au-dessus de ce qu’il était en 2019. Et ce marché n’a pas plus souffert de la situation que d’autres, l’informatique ayant reculé de 9 % l’an passé, explique-t-elle. Si le début d’année reste en baisse dans les points de vente, ces chiffres ne concernent pour l’instant que janvier et février, des mois de faible activité. Après deux années plus attentistes, elle estime que les enseignes ont travaillé pour faire revenir les clients, ce qui, avec une inflation en baisse et un rebond attendu de la consommation, devrait profiter au marché du jardin.
*Pour l’ensemble de ce qui est étudié par Promojardin-Promanimal, le végétal, l’aménagement et l’entretien, la déco et les produits pour le jardin, les loisirs extérieurs, le tout pour l’ensemble des circuits, spécialisés ou généralistes, grandes surfaces alimentaires et grandes surfaces de bricolage, ventes par Internet…
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